Publié le 17 mai 2024

Face à un accident électrique, chaque seconde compte et la survie n’est pas une question de chance, mais de procédure.

  • La différence entre électrisation (passage du courant) et électrocution (décès) est fondamentale pour évaluer la gravité.
  • La procédure d’urgence « Protéger, Alerter, Secourir » (PAS) est la chaîne de survie à appliquer sans jamais toucher la victime directement.
  • La prévention active, via le test du différentiel 30mA et la consignation avant toute intervention, constitue la meilleure protection.

Recommandation : Apprenez dès aujourd’hui à identifier les protections de votre tableau électrique et à appliquer la procédure de consignation. Ce rituel de sécurité de 60 secondes est une barrière absolue contre le drame.

Un grésillement suspect derrière une prise, une ampoule qui clignote anormalement, une odeur de plastique chaud… Dans chaque foyer, l’électricité est un allié si omniprésent qu’on en oublie sa nature mortelle. Nous pensons tous connaître les règles de base : ne pas toucher aux fils dénudés, faire attention à l’eau. Pourtant, chaque année en France, la réalité est brutale. Les statistiques de l’ONSE (Observatoire National de la Sécurité Électrique) font état de près de 3 000 passages aux urgences pour électrisation, et de 30 à 40 décès par électrocution. Le danger n’est pas une abstraction, c’est un fait clinique.

L’erreur commune est de sous-estimer le risque en se fiant à des connaissances parcellaires. On confond les protections, on ignore les signaux d’alerte d’une installation vieillissante et, surtout, on ne sait pas comment réagir face à l’impensable. Cet article n’est pas un guide de bricolage. C’est une procédure d’urgence, rédigée avec la rigueur d’un médecin du SAMU et d’un sapeur-pompier. Notre objectif est de construire une chaîne de survie, où chaque maillon – de la connaissance du danger à la réaction du témoin – est une barrière entre une simple frayeur et une tragédie.

Nous allons déconstruire le danger électrique, comprendre son action sur le corps humain, et surtout, vous donner les protocoles clairs et non-négociables pour protéger, alerter, secourir et prévenir. Car face à l’électricité, l’improvisation n’a pas sa place. Seule la procédure sauve des vies.

Électrisation ou électrocution : les mots ont un sens, et la différence est vitale

En médecine d’urgence, la précision des termes est une question de vie ou de mort. Il en va de même pour les accidents électriques. L’électrisation désigne le passage, quel qu’il soit, d’un courant électrique à travers le corps humain. Les conséquences peuvent aller d’un simple picotement à des brûlures graves, des troubles cardiaques ou des lésions neurologiques. L’électrocution, en revanche, est un terme utilisé exclusivement pour qualifier une électrisation qui a entraîné le décès de la victime. Comprendre cette distinction est le premier maillon de la chaîne de survie : cela permet de ne jamais minimiser une électrisation, même si la victime semble « aller bien ».

Le passage du courant dans l’organisme est un traumatisme complexe. La peau, surtout si elle est sèche, offre une première résistance, mais cette barrière peut être rapidement franchie, notamment en cas d’humidité. Une fois à l’intérieur, le courant électrique choisit le chemin de moindre résistance, empruntant les nerfs, les vaisseaux sanguins et les muscles. Sur son trajet, il génère de la chaleur et provoque des dégâts cellulaires. Les lésions ne sont pas toujours visibles.

Une victime peut présenter une simple marque rouge au point d’entrée et de sortie du courant, tout en souffrant de lésions internes sévères sur les organes vitaux. C’est pourquoi toute personne victime d’une électrisation, même apparemment bénigne, doit faire l’objet d’une surveillance médicale. Des complications, notamment cardiaques, peuvent survenir plusieurs heures après l’accident. Ne jamais sous-estimer un choc électrique est la première règle de prudence.

Que se passe-t-il vraiment dans votre corps lors d’une électrisation ?

Lorsqu’un courant électrique traverse le corps, il perturbe violemment le fonctionnement normal de l’organisme, qui repose lui-même sur de faibles signaux électriques pour fonctionner. L’effet le plus immédiat et dangereux est la tétanisation musculaire. Les muscles se contractent de manière incontrôlable, ce qui peut « souder » la victime à la source électrique, l’empêchant de lâcher prise. Si le courant traverse le thorax, il peut paralyser les muscles respiratoires et provoquer une asphyxie.

Le cœur est l’organe le plus vulnérable. Un courant, même de faible intensité, qui passe au mauvais moment du cycle cardiaque peut déclencher une fibrillation ventriculaire. Le cœur se met à « trembler » de façon anarchique et n’assure plus son rôle de pompe. C’est l’arrêt cardiaque, et sans une réanimation cardio-pulmonaire immédiate (massage cardiaque), le pronostic vital est engagé en quelques minutes. Les autres effets incluent des brûlures, qui peuvent être externes (aux points de contact) mais aussi internes, le long du trajet du courant, détruisant les tissus en profondeur.

Les enfants sont particulièrement exposés en raison de leur curiosité et de leur morphologie. Leur peau plus fine et leur corps contenant plus d’eau offrent une moindre résistance au passage du courant. Les statistiques de l’ONSE sont alarmantes : en France, près de 50% des victimes d’électrisation ont moins de 15 ans. Souvent, les accidents surviennent à proximité d’installations domestiques accessibles et défectueuses, comme des prolongateurs, des fiches multiples ou des interrupteurs démontés.

Schéma du trajet du courant électrique dans le corps humain montrant les organes à risque

Ce schéma conceptuel illustre comment le courant recherche les trajets les plus conducteurs, impactant potentiellement tous les organes vitaux situés entre le point d’entrée et le point de sortie. Comprendre ce mécanisme interne justifie l’urgence absolue de la prise en charge médicale, même en l’absence de blessures externes évidentes.

Témoin d’un accident électrique : la procédure PAS qui peut sauver une vie

Si vous êtes témoin d’un accident électrique, votre réaction dans les premières secondes est déterminante. Une seule règle absolue prime sur toutes les autres : ne jamais toucher la victime tant que le courant n’est pas coupé. Elle fait partie intégrante du circuit électrique et la toucher, c’est s’exposer au même sort. La procédure à suivre est la méthode PAS : Protéger, Alerter, Secourir. C’est la chaîne de survie à dérouler méthodiquement.

1. PROTÉGER : La première action est de supprimer le danger. Coupez immédiatement l’alimentation électrique au niveau du disjoncteur général ou du disjoncteur de la ligne concernée. Si l’accès au tableau est impossible, débranchez la prise de l’appareil en cause. En dernier recours, si la coupure est impossible, utilisez un objet sec et non conducteur (manche à balai en bois, chaise en plastique, vêtement sec) pour écarter la victime de la source de courant.

2. ALERTER : Appelez immédiatement les secours. Composez le 15 (SAMU) ou le 18 (Sapeurs-Pompiers), ou le 112 (numéro d’urgence européen). Donnez votre localisation précise, décrivez la situation (accident d’origine électrique), l’état de la victime (consciente, respire-t-elle ?), et suivez scrupuleusement les instructions du médecin régulateur.

3. SECOURIR : Uniquement après avoir protégé et alerté. Si la victime est inconsciente et ne respire pas, elle est en arrêt cardio-respiratoire. Chaque minute qui passe sans massage cardiaque diminue ses chances de survie de 10%. Si vous êtes formé, commencez immédiatement la réanimation en attendant les secours. Si elle est inconsciente mais respire, placez-la en Position Latérale de Sécurité (PLS). Si elle est consciente, parlez-lui, rassurez-la et ne lui donnez ni à boire, ni à manger en attendant l’arrivée des secours.

La distinction entre les bons et les mauvais réflexes est vitale. Ce tableau résume les actions à proscrire et celles à adopter sans hésitation.

Gestes interdits vs. gestes qui sauvent face à une électrisation
Gestes INTERDITS ❌ Gestes QUI SAUVENT ✓
Toucher la victime directement Couper d’abord le courant au disjoncteur
Utiliser un objet métallique ou humide Utiliser un matériau isolant sec (bois, plastique)
Donner à boire à la victime Maintenir la victime consciente en lui parlant
Déplacer la victime sauf danger immédiat Appeler immédiatement le 15, 18 ou 112

Salle de bain : la pièce la plus dangereuse de la maison (et comment la sécuriser)

La combinaison de l’eau et de l’électricité fait de la salle de bain la pièce la plus à risque du logement. L’eau diminue drastiquement la résistance électrique de la peau, rendant un contact avec une tension de 230V presque systématiquement mortel. La norme française NF C 15-100 définit des règles très strictes pour cette pièce, en la divisant en « volumes » de sécurité. Le principe est simple : plus on est proche de la baignoire ou de la douche (point d’eau), plus les exigences de protection des matériels électriques sont élevées.

Voici les points de contrôle essentiels pour garantir la sécurité de votre salle de bain :

  • Volume 0 : C’est l’intérieur de la baignoire ou du receveur de douche. Aucun appareil électrique n’y est autorisé.
  • Volume 1 : Zone verticale au-dessus de la baignoire/douche jusqu’à 2,25m de haut. Seuls les appareils très basse tension (12V) avec transformateur déporté hors volume sont permis.
  • Volume 2 : Bande de 60 cm autour du volume 1. On peut y installer un éclairage ou un sèche-serviettes de classe II (double isolation) et protégés contre les projections d’eau (indice IPX4 minimum). Les prises rasoir avec transformateur de séparation y sont également autorisées.
  • Hors volume : Au-delà du volume 2, les appareils et prises classiques sont autorisés, mais ils doivent rester protégés par un dispositif différentiel 30mA.

Deux protections sont absolument non-négociables dans une salle de bain. La première est la protection différentielle 30mA, qui doit couvrir tous les circuits de la pièce. C’est elle qui détecte les fuites de courant vers la terre (par exemple, à travers votre corps) et coupe l’alimentation en une fraction de seconde, avant que l’accident ne soit fatal. La seconde est la liaison équipotentielle. Ce système relie toutes les masses métalliques de la pièce (tuyauteries, huisseries métalliques, corps de la baignoire) à la terre, afin qu’il n’y ait jamais de différence de potentiel dangereuse entre deux éléments que vous pourriez toucher simultanément.

Votre feuille de route pour un audit de sécurité de votre salle de bain

  1. Vérifiez la présence d’un ou plusieurs interrupteurs différentiels 30mA sur votre tableau électrique et assurez-vous qu’ils protègent bien la salle de bain.
  2. Contrôlez la distance de vos prises et interrupteurs : aucune prise standard ne doit se trouver à moins de 60 cm du bord de votre baignoire ou douche.
  3. Examinez vos appareils (sèche-serviettes, éclairage) : cherchez l’étiquette indiquant l’indice de protection (IP) et le symbole de la classe II (deux carrés l’un dans l’autre).
  4. Repérez la liaison équipotentielle : un fil vert/jaune doit être visible, reliant les tuyauteries métalliques sous le lavabo ou près de la baignoire.
  5. En cas de doute ou d’anomalie, n’intervenez jamais vous-même. Faites appel à un électricien qualifié pour une mise en conformité.

Le danger invisible : l’arc électrique, ou comment être gravement brûlé sans toucher un seul fil

L’un des phénomènes les plus méconnus et dangereux est l’arc électrique. Il s’agit d’un court-circuit qui se produit à travers l’air, lorsqu’un courant « saute » entre deux points conducteurs à des potentiels différents. Dans un contexte domestique, cela peut arriver à cause d’un fil mal serré dans une boîte de dérivation, d’un outil métallique qui s’approche trop près de deux conducteurs nus, ou d’une installation défectueuse et surchargée. L’arc électrique est une véritable explosion de plasma, atteignant plusieurs milliers de degrés Celsius en une fraction de seconde.

Les conséquences sont dévastatrices. Premièrement, le rayonnement thermique intense provoque des brûlures cutanées graves, similaires à celles d’un coup de soleil extrême ou d’un feu, même sans contact direct avec la source. Deuxièmement, la lumière intense (flash) peut causer des lésions oculaires permanentes. Troisièmement, l’onde de choc de cette micro-explosion peut projeter la personne et causer des traumatismes secondaires. Enfin, l’arc électrique est une cause majeure de départ de feu. En France, on estime qu’entre 20 et 35% des incendies d’habitation sont d’origine électrique, souvent initiés par ce phénomène.

Le danger est particulièrement sournois car il peut survenir sans contact. S’approcher d’une installation haute tension, même sans la toucher, peut suffire à amorcer un arc. Dans un cadre domestique, le risque est présent lors de travaux de rénovation sur des installations anciennes ou lors de l’utilisation d’appareils puissants sur des circuits non adaptés. La prévention passe par une installation électrique saine, des connexions bien serrées et, encore une fois, la coupure systématique du courant avant toute intervention.

Arc électrique domestique illustrant le danger invisible dans une installation électrique

L’image ci-dessus illustre les conséquences d’un arc : une carbonisation et une fusion des matériaux qui témoignent de l’énergie colossale libérée. C’est le signe d’un ennemi qui peut frapper sans contact direct.

Différentiel ou disjoncteur : la différence subtile qui protège soit vous, soit vos appareils

Dans le jargon électrique, les termes « disjoncteur » et « différentiel » sont souvent utilisés de manière interchangeable, à tort. Ils désignent deux protections complémentaires mais fondamentalement différentes. Comprendre leur rôle respectif est essentiel pour évaluer la sécurité de votre tableau électrique. C’est un maillon crucial de la protection passive de votre logement.

Le disjoncteur divisionnaire (ou magnétothermique) est le « gardien » de vos équipements. Son rôle est de protéger un circuit spécifique (le circuit des prises de la cuisine, le circuit de l’éclairage du salon, etc.) contre deux types d’anomalies :

  • La surcharge : lorsque vous branchez trop d’appareils sur un même circuit et que l’intensité demandée dépasse ce que le câblage peut supporter. Le disjoncteur « disjoncte » pour éviter que les fils ne surchauffent et ne provoquent un incendie.
  • Le court-circuit : lorsque deux conducteurs (la phase et le neutre) entrent en contact direct, créant un pic d’intensité massif. Le disjoncteur se coupe instantanément pour prévenir un arc électrique et un incendie.

En résumé, le disjoncteur divisionnaire protège vos appareils et prévient les incendies. Il ne vous protège pas directement contre l’électrocution.

L’interrupteur différentiel 30mA, quant à lui, est votre « garde du corps ». Son unique mission est de protéger les personnes. Il mesure en permanence le courant qui entre dans le circuit et celui qui en sort. Si une différence, même minime (supérieure à 30 milliampères), est détectée, cela signifie qu’une partie du courant s’échappe : c’est une fuite de courant. Cette fuite peut se produire à travers la carcasse d’un appareil défectueux ou, plus grave, à travers le corps d’une personne en contact avec un élément sous tension. En détectant cette fuite, le différentiel coupe l’alimentation en moins de 30 millisecondes, bien avant que le courant n’ait le temps de provoquer une fibrillation cardiaque. C’est cet appareil qui vous sauve la vie.

Ce tableau synthétise la mission de chaque protection, une distinction à connaître absolument pour comprendre les risques couverts par votre installation.

Disjoncteur divisionnaire vs Interrupteur différentiel : qui protège quoi ?
Type de protection Ce qu’il protège Déclenchement Risque évité
Disjoncteur divisionnaire Les circuits et appareils Surcharge ou court-circuit Incendie
Interrupteur différentiel 30mA Les personnes Fuite de courant ≥ 30mA Électrocution

La norme NF C 15-100 impose la présence d’au moins un interrupteur différentiel 30mA par rangée du tableau électrique et un test régulier de leur fonctionnement est préconisé. Un appui sur le bouton « Test » doit provoquer la coupure immédiate du courant. Si ce n’est pas le cas, votre protection vitale est défaillante et l’intervention d’un professionnel est une urgence absolue.

La procédure de consignation qui sauve des vies : Séparer, Condamner, Vérifier

Intervenir sur une installation électrique, même pour changer une simple prise ou un luminaire, sans prendre de précautions, relève de la roulette russe. En France, le diagnostic électrique obligatoire révèle que 83% des logements de plus de 15 ans comportent au moins une anomalie électrique. Cela signifie que vous ne pouvez jamais faire confiance à une installation que vous ne connaissez pas. La seule procédure qui garantit une sécurité absolue est la consignation électrique. Chez les professionnels, c’est une obligation légale. À la maison, ce devrait être un réflexe vital.

La consignation pour une intervention domestique simple se résume en trois étapes critiques, une séquence non-négociable : Séparer, Condamner, Vérifier.

Étape 1 – SÉPARER : C’est l’action de mise hors tension. Il ne suffit pas d’éteindre l’interrupteur de la pièce. Vous devez vous rendre au tableau électrique et abaisser le levier du disjoncteur divisionnaire qui protège le circuit sur lequel vous allez travailler. En cas de doute, coupez le disjoncteur général d’abonné.

Étape 2 – CONDAMNER : C’est l’acte qui empêche la remise sous tension accidentelle par une autre personne. Un enfant, un conjoint non prévenu pourrait remonter le disjoncteur pendant que vous avez les mains sur les fils. La méthode la plus simple à la maison est d’apposer un morceau de ruban adhésif sur le disjoncteur en position basse, avec la mention manuscrite : « NE PAS RÉARMER – TRAVAUX EN COURS ».

Étape 3 – VÉRIFIER : C’est l’étape la plus importante, celle qui confirme que les deux précédentes ont été efficaces. C’est la Vérification d’Absence de Tension (VAT). Cette vérification doit impérativement être réalisée avec un appareil dédié et certifié (norme EN 61243-3), communément appelé « VAT ». Le « tournevis testeur » est un gadget peu fiable et dangereux, à proscrire absolument. La procédure de VAT est elle-même un rituel : testez le VAT sur une prise dont vous savez qu’elle fonctionne, puis testez l’absence de tension sur votre zone de travail, et enfin, re-testez le VAT sur la prise qui fonctionne pour vous assurer qu’il n’est pas tombé en panne entre temps. C’est seulement après cette triple vérification que vous pouvez considérer la zone comme sécurisée.

Votre plan d’action pour une consignation sans faille

  1. Identifier : Avant toute chose, repérez sur votre tableau électrique le disjoncteur correspondant au circuit sur lequel vous devez intervenir. Étiquetez vos circuits si ce n’est pas déjà fait.
  2. Équiper : Procurez-vous un Vérificateur d’Absence de Tension (VAT) certifié. C’est un investissement minime pour une sécurité maximale. Considérez-le comme un équipement de protection aussi essentiel que des gants.
  3. Séparer : Abaissez fermement le levier du disjoncteur identifié.
  4. Condamner : Apposez un adhésif de signalisation clair et visible sur le disjoncteur. Informez les autres occupants du logement de votre intervention.
  5. Vérifier : Appliquez scrupuleusement la procédure de test du VAT (test avant, mesure, test après) directement sur les fils sur lesquels vous allez travailler.

À retenir

  • Différence vitale : L’électrisation est le passage du courant, l’électrocution est le décès qui en résulte. Toute électrisation est une urgence médicale.
  • Procédure PAS : Face à un accident, PROTÉGER (couper le courant SANS toucher), ALERTER (15, 18 ou 112), SECOURIR (selon l’état de la victime et vos compétences).
  • Prévention absolue : La consignation (Couper, Condamner, VÉRIFIER avec un VAT) n’est pas une option, c’est le seul rituel qui garantit une sécurité totale avant de toucher à un fil.

La consignation électrique à la maison : le rituel en 4 étapes qui garantit une sécurité absolue avant de toucher un fil

Nous avons vu la procédure technique de la consignation. Il est temps maintenant de l’intégrer non plus comme une contrainte, mais comme un rituel de sécurité systématique. Le danger de l’habitude est de croire qu’on peut s’en passer « juste pour cette fois ». C’est précisément dans ces moments de relâchement que surviennent les accidents les plus graves. Transformer la consignation en un automatisme, un rituel en quatre étapes simples, est le dernier maillon, et le plus solide, de votre chaîne de survie personnelle.

Ce rituel peut se résumer en un plan d’action de 60 secondes qui fait toute la différence :

  1. COUPER : Identifiez et abaissez le bon disjoncteur au tableau. En cas de doute, le disjoncteur général. C’est l’acte de décision.
  2. CONDAMNER : Apposez un signal visuel (scotch, étiquette) sur le disjoncteur. C’est l’acte de communication et de prévention d’une erreur humaine.
  3. VÉRIFIER : Utilisez votre VAT certifié pour confirmer l’absence de tension. C’est l’acte de confirmation, la preuve factuelle que la zone est sûre.
  4. PROTÉGER : Sécurisez physiquement votre zone de travail. Assurez-vous que les enfants ou les animaux domestiques ne peuvent y accéder, et que vos outils sont bien organisés et isolés. C’est l’acte de maîtrise de votre environnement.

Ce rituel n’est pas une perte de temps. C’est un gain de sérénité et une assurance-vie. Il vous protège non seulement du risque électrique direct, mais aussi de l’erreur, de l’imprévu, de l’intervention d’un tiers. Adopter cette discipline, c’est passer du statut de bricoleur amateur à celui d’intervenant responsable, qui place la sécurité au-dessus de tout. C’est la marque de ceux qui ont véritablement compris la nature du danger électrique et qui choisissent, activement, de le maîtriser.

Pour intégrer cette discipline, il est essentiel de revoir et d’ancrer ce rituel de sécurité comme une habitude non-négociable avant chaque intervention.

Votre sécurité et celle de votre famille reposent sur ces connaissances et ces gestes. N’attendez pas un incident pour agir. Prenez le temps dès aujourd’hui de repérer vos disjoncteurs, de vous équiper d’un VAT et d’enseigner ces règles de prudence à votre entourage. L’étape suivante consiste à faire vérifier votre installation par un professionnel si elle a plus de 15 ans, ou si vous avez le moindre doute sur sa conformité.

Questions fréquentes sur la sécurité électrique à la maison

Puis-je brancher mon téléphone près de la baignoire ?

Non. Dans le volume 0 (intérieur de la baignoire/douche) et le volume 1 (juste au-dessus), aucune prise ou interrupteur n’est autorisé pour éviter tout risque de contact avec l’eau. Charger un appareil près de l’eau est extrêmement dangereux.

Où installer ma prise rasoir en sécurité ?

Une prise « rasoir » spécifique, dotée d’un transformateur de séparation et d’une protection IPX4, peut être installée dans le volume 2, c’est-à-dire à plus de 60 cm du bord de la baignoire ou de la douche. C’est la seule exception pour une prise si proche d’un point d’eau.

Mon sèche-serviettes est-il bien placé ?

Les sèche-serviettes électriques sont autorisés dans le volume 2 ou hors volume, à condition qu’ils soient de classe II (double isolation) et certifiés au minimum IPX4 pour être protégés contre les projections d’eau.

Où trouver un VAT de qualité en France ?

Les Vérificateurs d’Absence de Tension certifiés sont disponibles dans les grandes surfaces de bricolage comme Leroy Merlin, Castorama ou Brico Dépôt, ainsi que chez les distributeurs de matériel électrique professionnel. Les marques comme Fluke (modèles T90/T110) ou Chauvin Arnoux (CA 742, etc.) sont des références reconnues.

Le tournevis testeur suffit-il pour vérifier l’absence de tension ?

Absolument pas. Le tournevis testeur est considéré comme un gadget non fiable et dangereux. Sa luminosité est souvent faible et il peut ne pas détecter des tensions dangereuses. Seul un VAT bipolaire certifié selon la norme EN 61243-3 offre une garantie de sécurité fiable.

Combien de temps prend une consignation complète ?

Moins de 60 secondes. C’est le temps qu’il faut pour couper le disjoncteur, le condamner, et effectuer la vérification avec un VAT. Une minute pour vous garantir de pouvoir travailler en toute sécurité et de rentrer chez vous le soir.

Rédigé par Damien Chevalier, Ancien sapeur-pompier de Paris pendant 15 ans, Damien est aujourd'hui formateur en prévention des risques domestiques. Son obsession est la lutte contre les incendies d'origine électrique et les accidents par électrisation.